Un no man’s land, c’est un entre-deux dans lequel il ne se passe rien.
Et c’est exactement le territoire dans lequel j’ai l’impression d’entrer lorsque je viens de signer un BAT (bon à tirer) pour un livre.
Pour moi, il ne se passe plus rien : le livre est terminé, je ne peux plus ajouter ou déplacer une virgule, changer la couleur d’un mot, d’une phrase. C’est fini.
Lorsque ce fameux BAT est signé, j’enlève symboliquement le fichier de mon dossier “En cours d’écriture”… Et c’est là que les problèmes commencent…
Parce que je ne sais plus où le ranger, ce fichu fichier !
Dans le dossier “A retravailler” ? Non, non, il n’y a plus rien à retravailler, c’est trop tard.
Dans le dossier “Romans parus” ? Non, non, il n’est pas encore paru.
Le laisser traîner sur le bureau de mon ordinateur ? Ah, non, trois fois non ! Je ne veux pas le voir devant mes yeux chaque fois que j’allume mon écran.
Finalement, après avoir bien hésité, je le remets souvent dans le dossier “En cours d’écriture”…
Mais là non plus il n’est pas à sa place.
Je me demande si je ne devrais pas créer un dossier qui s’appellerait “No man’s land”.
Un dossier transitoire pour un livre encore apatride. Plus à moi, pas encore aux autres…
Pourtant, je sais que dans les jours et les semaines qui viennent vont s’opérer pour lui de drôles de métamorphoses… Entre les mains d’un imprimeur que je ne connais pas, il va prendre son statut de “livre”, avec sa reliure et sa couverture.
Enfin, le 6 novembre prochain, je pourrai mettre le fichier de ce “Garçon des rives” dans le dossier “livres parus” (aux éditions du Rouergue, avec un texte de Thomas Scotto “Le garçon d’écume”, mais ça, vous le savez déjà !).
Et c’est comme une impatience, d’un seul coup…