Salon du livre de Montreuil. Journées scolaires.
Les enfants arrivent par cars entiers. Surexcités. Ils veulent des affiches, des autocollants, des marque-pages, des choses, n’importe quoi, des choses, qu’ils vont mettre dans leur sac, engranger. Ni trésor ni cadeaux. Juste un truc à consommer.
Ils s’agglutinent autour de la table où je dédicace mes livres.
Ils ont « Des questions à me poser ».
Et ils les posent, en rafale, se superposant, se bousculant, se coupant la parole, des questions légitimes de comment-pourquoi-depuis quand vous faites des livres ? Et puis d’autres qui vous laissent perplexe : C’est quoi votre nom, vous faite quoi comme métier ? Mais, aucune importance, ils sont déjà ailleurs, et moi un peu perdue au milieu de ce déluge de décibels et de stylos pointés pour des autographes (sans s’il vous plaît ni merci).
Mais c’est déjà l’heure de la relève. Un autre écrivain prend ma place. Je le connais un peu. « Veux-tu que je te donne les questions du jour ? ». Sourire de connivence : «Non merci ».
Je sors du salon, le bruit collé dans les oreilles.
Je cherche désespérément le silence comme un espace à vivre.
Et puis… plus tard, après dîner, la lumière du dehors m’intrigue.
Et le calme de la rue.
Je regarde par la fenêtre.
Il neige.
A gros flocons, il neige.
Le sol et les toits sont déjà blancs.
Et d’un seul coup, j’entends.
Dans le silence ouaté…
Des rires d’enfants.
Ils sont descendus jouer dans la neige.
Et je me dis que, au fond, c’est pour eux que j’ai encore envie d’écrire.