Un texte que j’ai écrit pour un forum de discussion sur internet, à propos du salon du livre de Montreuil, et que j’ai finalement envie de partager sur ce blog.Montreuil ? J’y vais tous les ans. Mais je ne regarde pas beaucoup les livres. Il y en a trop. Ça me file le bourdon. Trop de gens qui écrivent bien, qui dessinent bien, trop bien… et moi là-dedans ? L’envie de plier boutique, reprendre mes bagages, aller voir ailleurs si je pourrais y être.
Alors, Montreuil, j’y vais surtout pour les humains. Ceux qui bougent derrière les livres. Ceux qui s’interpellent, se retrouvent, se parlent parfois pour la première fois. J’y vais pour ceux et celles que j’aime et dont j’aime le travail. Pour le plaisir d’un sourire esquissé, vite, vite, entre deux allées surchauffées. Savoir qu’ils et elles existent, travaillent, hésitent, doutent, publient ou ne publient pas, sont dans le creux ou le haut de la vague. Savoir qu’ils et elles sont là, comme moi, à trouver qu’il fait toujours trop chaud en haut et trop froid en bas. Qu’il manque tel éditeur, ou que tel autre prend trop de place, qu’il y a trop la queue chez l’un et pas assez chez l’autre. Et toujours ce manque de place pour se poser dans un coin, autrement que par terre, pour se parler tranquille.
Montreuil, pour moi, c’est le plaisir de revoir ceux et celles qui m’ont invitée sur un salon, ceux et celles qui rêvent de le faire, ces projets qui s’ourlent en douce, en quelques mots.
Les rencontres furtives avec ces lecteurs et lectrices dont on aime l’étincelle de bonheur dans les yeux. Ceux qui vous disent l’émotion, la force de votre travail…
Ce sont aussi ces réunions étranges avec les éditeurs, où l’on a l’impression de travailler sérieusement au beau milieu d’un champ de foire. Ou ces intervalles gourmands, apéro impromptu d’un bon vin partagé autour d’une brioche salée sur le stand de La Charte.
Mettre enfin des visages sur des noms.
Et quand c’est fini, j’en reviens un peu triste, parce que j’ai encore loupé Marion Brunet cette année, que je n’ai pas fait la bise à Arno Célérier, que Lucette Savier, des éditions Albin Michel, m’a sans doute aperçue mais que je n’ai pas réussi à la voir sur son stand.
Les jours qui suivent Montreuil, je me sens abasourdie, fatiguée, enrhumée.
Avec, au fond, l’envie démesurée de me remettre au travail très vite, de retrouver le roman en cours d’écriture que j’ai délaissé le temps du salon, dans une espèce d’énergie décuplée, fragile et forte à la fois.
Voilà, Montreuil, pour moi, c’est tout ça, et pleins d’autres choses encore…
(et la photo, signée G.A. est un petit clin d’oeil à mes voisins de signature, sur le stand des éditions Actes Sud, pour la collection d’Une seule voix).