Festival du livre jeunesse de Doëlan

Difficile de trouver les mots pour résumer ce festival du livre de Doëlan (Finistère sud), où j’étais invitée la semaine dernière !

D’abord, il y a le lieu : un petit port de Bretagne, presque une image de carte postale, avec ses petits bateaux colorés, ses quais, sa digue, son phare et ses rochers… Et là, au raz de l’eau, des chapiteaux, un sur chaque rive pour faire bonne mesure, avec un bateau qui fait la navette entre les deux (mini-croisière de quelques minutes, mais pas forcément tranquille (ceux qui l’ont fait dimanche soir, sous la pluie et le vent et les vagues confirmeront, je crois 🙂

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Le petit port de Doëlan (il ne manque rien, même pas le cormoran 😉 Photo E.B.C
Ensuite, il y a le climat : tempête de vent le vendredi, puis une alternance rapide de nuage/pluie/soleil/fraîcheur/chaleur… Très revigorant !
Mais, surtout, il y a les gens. Les organisateurs et la centaine de bénévoles qui ont servi (entre autres) aux 27 auteurs invités des déjeuners dignes des plus grands restaurants (le festival de Doëlan mériterait, rien à qu’à ce titre, d’être étoilé au guide Michelin des salons du livre, s’il existait !).
Des gens qui aiment les auteurs et les recoivent avec gentillesse et dévouements.
En amont du festival, des rencontres dans des classes ; des instits qui vous accueillent avec le sourire, et des enfants qui vous laissent des petits mots tels que “Merci de ta visite à l’école, j’ai adoré votre livre”, ou encore “Merci d’être venue ici dans l’école, j’ai bien aimé mon rôle…” (les enfants du CM1 de l’école de Mellac ont en effet mis en scène et joué l’intégralité de ma petite pièce “Les aventures du livre de géographie qui voulait voyager avant de s’endormir”.) Premiers pas au théâtre, mais bonne expérience : “Nous avons eu du mal à apprendre nos rôles mais c’était très amusant, j’espère que vous avez apprécié” m’écrira l’un d’eux.
Bien sûr que j’ai apprécié ! Un coup de chapeau à l’institutrice, Marie le Page, qui s’est lancée dans cette aventure.
De jolies rencontres, donc, tout au long de ce festival. De bons éclats de rire, tant avec les bénévoles qu’avec les organisateurs et les collègues illustrateurs et écrivains, et des souvenirs pour longtemps.
Logée chez l’habitant, je n’oublierai pas de sitôt l’accueil de Jean et de sa petite-fille Camille, ni leur belle maison face à mer, ni les petits-déjeuners de Marie-Annick, aux “Pervenches”…

Pendant le salon, il y a eu du monde, des gens qui venaient pour les livres, et pour les auteurs.
Ils sont bavards, ces Bretons… ! Je retiens ce vieux marin, aux grosses mains abîmées, qui regarde mes livres et s’excuse : “Je ne lis pas de livre”. Je lui souris, d’un air de dire que ça n’a pas d’importance. Alors il reprend : “Mais je lis le journal tous les matins”. Un temps d’arrêt. Il ajoute : “Faut pas croire tout ce qu’il y a dedans, mais je le lis tous les matins”. Et je le trouve sympa, ce vieux marin, qui est venu là avec ses petits-enfants.
(J’ai appris, quelques jours plus tôt, dans un magazine, que c’est dans le Finistère qu’on lit le plus de quotidiens régionaux, et que la Bretagne est, globalement, une des régions où on lit le plus).
Donc, voilà, difficile de résumer ce salon… Je vous l’avais dit.
Et puis, après, je me suis échappée quelques jours et, dans la brume, fait quelques kilomètres de marche sur ce sentier qui longe la côte… Personne d’autre que mon compagnon et moi… le bruit de la mer et des oiseaux… C’était doux et fort, un peu impressionnant aussi !

Alors, voilà, on revient de ce festival, de cette région, avec des rêves pleins la tête. Au fait, je ne vous ai pas dit ? Le festival s’appelle “Rêves d’Océans”… Bien trouvé, non ?

Un grand, un immense merci à tous ceux et celles qui ont rendu possible cette aventure !

“Il se peut qu’on s’évade” (photoroman)

“Il se peut qu’on s’évade en passant par les toits…” (Jean Genet, in “Le condamné à mort”).

J’ai gardé la première partie de cette phrase (tirée d’un magnifique poème de Genet), et elle me servira de titre pour le roman que j’ai écrit pour les éditions Thierry Magnier, dans la collection “Photoroman”.
Ce sera donc : “Il se peut qu’on s’évade”.

Ceci pour dire que le texte est fini, après bien des interrogations, des doutes, et même un faux-départ!
Mais voilà, il est déjà passé entre les mains de Jeanne Benameur et de Francis Jolly, directeurs de collection, et de Thierry Magnier (un des rares éditeurs qui lit encore tous les manuscrits qu’il publie !), et quelques autres lecteurs en “avant-première”.
Je crois qu’on l’aime bien, ce texte.  En attendant l’avis des lecteurs et lectrices (la publication est prévue pour octobre prochain, je crois), et l’avis du photographe qui a pris les photos… !

J’ai eu, en tous cas, beaucoup de plaisir à l’écrire.
C’était pour moi une aventure vraiment passionnante, qui m’a parfois donné le vertige ! Mais c’est un vrai cadeau pour moi, d’avoir pu écrire un texte dans cette collection.

Et puisque je parle de Jeanne Benameur, je ne peux que vous conseiller de lire “Les insurrections singulières” (Actes Sud). C’est un magnifique roman.

Retour sur la fête du livre de Villeurbanne

Je suis partie à cette fête du livre en traînant un peu les pieds. Je me disais : un salon de plus… avec un débat qui semblait difficile à mener. C’est vrai, il y a des salons qui laissent des impressions de flottement : des salons où l’on ne vend pas de livres, où l’on ne rencontre pas ses lecteurs, où l’on s’ennuie un peu trop, où l’on se demande ce qu’on fait là, et pourquoi on écrit encore… Enfin, bref, les questions que tout le monde se pose un jour ou l’autre… Et donc, je suis partie à Villeurbanne dans cet état d’esprit…

Je suis arrivée juste pour le débat. A peine de temps de faire la bise à Thierry Lenain et à Thomas Scotto (j’étais contente de les retrouver!), de saluer Isabelle Rossignol, et c’était partie. Plutôt que de longs discours sur la sexualité et la littérature jeunesse, j’ai préféré lire quelques extraits de “Rien que ta peau”.
Et là… Je ne sais pas. Que s’est-il passé dans la salle, avec deux bonnes centaines de professionnels du livre, m’a-t-on dit (avec les lumières sur la scène, on ne voyait rien) ? Je n’en sais rien. Mais j’ai trouvé qu’il y avait un beau silence. Un des extraits a été curieusement applaudi. Moments étranges, un peu suspendus. Le débat a été très court (dommage, j’aurais bien aimé écouter Thomas Scotto parler plus longtemps de son “Jérome par coeur”, par exemple), et c’était déjà fini.
Enfin, je croyais que c’était fini…
Mais, après, les gens sont venus me voir. Il y avait des lumières dans leurs yeux, comme des étoiles. Des gens qui m’ont dit simplement avoir été émus par cette micro-lecture. Et ça a duré comme ça tout le week-end. C’était étrange, parce que je n’ai rien fait d’autre que lire quelques lignes, et c’est tout ! Et j’étais à mon tour très émue de voir que de simples mots écrits peuvent déclencher des émotions comme ça.Mais ce n’était pas tout ! Il y avait aussi des enfants, et des parents, qui sont venus simplement “pour rencontrer des auteurs”, c’est à dire vraiment discuter avec, échanger.
Je crois n’avoir jamais vécu un salon comme ça, où le livre est au coeur de la fête (avec, en prime d’adorables libraires (de la librairie lyonnaise : “A titre d’ailes”).
D’un seul coup, on a l’impression qu’on fait quelque chose de bien, en écrivant nos livres 😉
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Affiche de Carole Chaix, invitée d’honneur

Donc, c’était beaucoup d’émotions, beaucoup d’échanges, beaucoup de bonheur.
Et je ne parle  même pas du plaisir de retrouver d’autres écrivains et écrivaines, illustrateurs et illustratrices, avec qui j’ai partagé de bons éclats de rire !

Du coup, quand on rentre d’un salon pareil, on se dit qu’on fait vraiment un beau métier et que, tiens, justement, il serait peut-être temps de penser au prochain texte, au prochain roman à écrire…

Petits ruisseaux, un album

Dans quelques mois va sortir un album, chez Sarbacane, intitulé “Petits ruisseaux”.

J’en ai écrit le texte, et c’est Vincent Mathy qui l’a illustré.
Vincent Mathy, c’est une drôle de rencontre, dans un salon du livre jeunesse, à Pontarlier.
Nous étions en train de signer nos livres respectifs, pas très loin l’un de l’autre. Ses dessins me rappelaient quelque chose… Mon nom sur la couverture de mes romans lui rappelait quelque chose…
Quand, soudain, l’illumination ! Nous avions déjà travaillé ensemble, sans nous connaître, et sans jamais avoir eu le moindre contact, même par mail.
Vous allez me dire : comment cela se fait-il ? Comment est-ce possible ?
Dans l’édition, tout est possible… Et des auteurs à qui l’on impose des illustrateurs (et vice-versa), sans leur demander leur avis, par exemple, est une pratique courante.
Vincent Mathy avait illustré deux de mes histoires de monstres, parues aux Editions Lito, mais nous ne nous étions jamais rencontrés. J’avais découvert ses dessins à la parution de l’album ! Mais je les avais trouvé vraiment chouettes, à la fois simples, colorés, vivants. Et j’avais gardé son nom dans un coin de ma tête.
De son côté, Vincent avait noté dans un coin de sa tête le nom de cette auteure jeunesse dont il avait, par chance, aimé illustrer les textes.

Nous nous sommes donc retrouvés par hasard, à Pontarlier. Et nous avons tous les deux émis l’idée que de faire un album ensemble, cette fois en toute connaissance de cause, serait sympa.
Je lui ai donc envoyé trois ou quatre textes, et l’un d’entre eux lui a plu.
Ce texte, c’est “Petits ruisseaux”.

Ensuite, le monde de l’édition (comme le monde tout court, d’ailleurs) n’étant pas un long ruisseau tranquille, il a fallu du temps pour que cette collaboration aboutisse. Vincent a trouvé l’éditeur, mais il avait du boulot ailleurs… Bref, les mois ont passé… Les années ont passé…
Mais voilà, ça y est ! Petits ruisseaux va bientôt sortir, aux éditions Sarbacane. Sortie prévue : avril 2011.(sortie repoussée au 1er juin 2011) Je suis absolument ravie par les dessins de Vincent. Et voici, en avant-première, un projet de page de titre intérieure.

Quand au thème du livre… hum… C’est l’histoire d’un petit ruisseau qui a envie de sortir de son lit et de voir le monde, et d’un petit garçon qui a envie de faire pipi, mais qui n’a pas envie de quitter son lit, lui… (suite de l’aventure au mois d’avril  juin ! 😉

Et pour en savoir plus sur Vincent Mathy, cliquez ICI
petitsruisseaux

Sortie “les aventures du livre de géographie”

Un livre d’aventure, théâtre pour enfants

“Les aventures du livre de géographie qui voulait voyager avant de s’endormir”
est sorti en août 2010, aux éditions Syros, collection “Mini-Syros théâtre”.
C’est une nouvelle collection, inaugurée avec cette pièce de théâtre (et une autre pièce que j’aime beaucoup, de Grégoire Kocjan, intitulée “La manifestation”).

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Voici la couverture de cette pièce de théâtre
(qui est aussi courte que le titre est long…)
(J’ai bien cru, d’ailleurs, que mon titre allait être “raboté”. Mais j’ai tenu bon… et il est resté entier !)
L’histoire, donc, d’un livre de géographie qui voulait voyager avant de s’endormir. Parce que ça n’est pas si simple, de voyager dans une bibliothèque… Il y a des livres que ça dérange, comme “Le livre de la police de l’air et des frontières”. Et d’autres que ça enthousiasme, comme “Le livre de la llibertat” (un Catalan)…

L’histoire de l’écriture de cette pièce de théâtre est déjà toute une aventure !!
Ce texte, en effet, est né sous la forme d’un poème, écrit… en janvier 1992, à Bruxelles, une nuit, alors que je dormais seule dans la librairie d’un ami.
Dormir dans une librairie de vieux livres, c’est toute une expérience ! Il faisait froid, il y avait des courants d’air, le sol était dur (je dormais par terre) et mon duvet pas assez chaud. Mais il y avait tous ces vieux livres autour de moi. Quelle magie ! Des craquements étranges venant des étagères… et des espèces de chuchotements.
Et puis, il y avait aussi un petit poêle qui, de temps en temps, laissait échapper des glou glou, comme un ivrogne buvant au goulot.

De ces nuits magiques, j’en ai tiré un court poème. Puis, des années plus tard, j’en ai fait un texte pour un album, avant finalement de l’enrichir encore et de le transformer en pièce de théâtre.
Je suis vraiment heureuse de voir cette pièce sortir de l’ombre, si longtemps après avoir commencé à exister.
Et j’espère, bien sûr, qu’elle sera jouée par de nombreux enfants.

Cette pièce est dédiée à Elisée Reclus. Quelqu’un que j’aime beaucoup et dont les écrits comptent beaucoup pour moi.
Si vous ne savez pas qui est Elisée Reclus, je vous invite à le découvrir ici :
http://www.lafeuillecharbinoise.com/?p=3951

PS : j’ai oublié de préciser : cette pièce a été écrite pour être jouée par des enfants de 7 à 10 ans.
Cette pièce est sélectionnée par la liste de référence du ministère de l’éducation, cycle 3.
Un dossier pédagogique a été édité à son sujet.